Boate Kiss

Valentina Roças Duarte Eiras, 1e2

Où étais-tu le 27 janvier 2013 ? 

À l’aube, le public afflue au Boate Kiss, qui accueille la fête « Agromerados », organisée par les étudiants de l’Universidade Federal de Santa Maria (UFSM). Au lever du soleil, 242 personnes sont déclarées mortes et 636 sont blessées.

Vers minuit, 1062 personnes (soit 370 de plus que la capacité maximale) arrivent à la fête organisée au Boate Kiss, à Santa Maria (RS). On boit sans modération alors même que le permis de vente de boisson expiré, les pieds tapent sur le sol avec frénésie et les corps  sont un mélange de sueur, de salive et d’alcool.

À 1h00 du matin, le groupe musical Pimenta e seus Comparsas se présente, et le concert dure un peu plus d’une heure. Ensuite, la bande Gurizada Fandagueira entame son spectacle.Au milieu du concert, le vocaliste tend un artefact pyrotechnique allumé, acheté illégalement. Des étincelles éclaboussent et frappent la mousse acoustique qui recouvre le plafond. La fumée se disperse, et où il y a de la fumée, il y a du feu.

Le public remarque le début de l’incendie et panique. Des centaines de personnes courent pour trouver la seule sortie vers la rue. Des témoins affirment que les agents de sécurité les ont bloqués, mais les ont ensuite relâchés lorsqu’ils ont réalisé l’ampleur du feu. 

La sortie était presque impraticable car une grille avait été installée pour organiser la file d’attente, mais elle empêchait le passage.

 La grille devient rapidement un goulot d’étranglement.  En raison du manque de signalisation et de l’ambiance sombre, de nombreuses personnes se sont dirigées vers les toilettes pour essayer de s’échapper, pensant que c'était la sortie. La plupart des corps ont été retrouvés dans les toilettes. La température de la boîte de nuit a atteint 3000C. Selon la police scientifique, la seule chance de survie aurait été de ramper à cause du nuage de fumée accumulée à 1 mètre du sol. 

 Les pompiers ont mis 3 à 5 minutes pour arriver sur les lieux après l’appel. Plusieurs personnes ayant réussi à s’échapper ont cassé les murs pour faciliter la sortie et le sauvetage.

Au moins 6 hôpitaux ont été mobilisés pour accueillir les victimes. La présidente de l’époque, Dilma Rousseff, s’est rendue à Santa Maria pour présenter ses condoléances. La ville a décrété un deuil de 30 jours et le pays, de 3 jours. Les familles des victimes ont organisé une veillée collective quelques jours après l’incendie.

Dessin d'Adelaïde Caurette, 2e3

Après 9 ans de procédure, en 2021, le Tribunal do Júri do Foro Central de Porto Alegre a condamné 4 accusés :  Elissandro Callegaro Spohr, partenaire de la boîte ; Mauro Londero Hoffmann, partenaire de la boîte ; Marcelo de Jesus dos Santos, le vocaliste ayant allumé les artefacts pyrotechniques et Luciano Augusto Bonilha Leão, auxiliaire du groupe. Le tribunal les a condamnés à des peines de 18 à 22 ans de prison pour homicide sans préméditation avec intention éventuelle. Cependant, après 8 mois, le jugement a été annulé à la suite d’une demande d’habeas corpus¹. Il y a quelques mois, un nouveau jugement contre l’annulation a été mis en place.

Encore une fois, l’illégalité ne semble pas entraîner de conséquences du côté de la justice, car un permis de vente de boisson expiré, la capacité maximale de personnes excédée, des artefacts pyrotechniques achetés illégalement et le manque de signalisation ne sont apparemment pas des preuves solides pour condamner les impliqués en justice. Les 878 victimes de l’incendie - c’est-à-dire 636 ont été blessées et 242 sont décédées – laissent derrière elles des histoires, des souvenirs et une cicatrice ouverte sur la ville.