Inondations au Rio Grande do Sul: quand le réchauffement climatique frappe fort

Inondations au Rio Grande do Sul: quand le réchauffement climatique frappe fort

Vahina Alliat Dupâquier, 3e1

Pendant les mois d’avril et de mai 2024, le Brésil a été frappé par une grande tragédie dans le sud de son territoire: les immenses inondations du Rio Grande do Sul. Quiconque se tenait alors informé en a forcément entendu parler, car il s’agit d’une catastrophe sans précédent, avec une force et une violence inédites. Beaucoup sont morts, bléssés, ont disparu, ont perdu leur logement ou un membre de leur entourage, vivent dans des conditions déplorables faute d’infrastructure pour les accueillir suite à ce drame. Dans le reste du pays, on s’inquiète, on parle, on lit. Mais quelles sont les causes de ces inondations? Leurs conséquences? Leurs victimes? Quels sont les chiffres dont nous disposons?
 
Photo aérienne des zones affectées par les pluies à Canoas

Tout a commencé le 27 avril, lors des premières pluies. Puis, le 29 avril, on lance l’alerte rouge. Dès le lendemain, surviennent les premières morts. Par la suite, tout s’enchaîne et les pluies ne cessent que vers le milieu du mois de mai. Depuis, on sait que 163 personnes sont mortes, 806 ont été blessées, 72 ont disparu et 581 643 sont sans-abris (ces chiffres ne sont peut-être plus à jour au moment où vous lisez cet article), et que plus de 90% de l’état est affecté, principalement les villes de Bento Gonçalves, Cachoeirinha, Caxias do Sul, Cruzeiro do Sul Esteio, São Leopoldo, Veranópolis et Porto Alegre, la capitale de l’état. 

La cause de ces inondations a été longuement discutée par différents professionels dans des médias brésiliens, et bien que encore controversée, on sait que plusieurs facteurs ont joué un rôle. D’après Luiz Natchigall (Metsul Meteorologia), le principal facteur est sans doute la rencontre de masses d’air chaudes venues du nord et froides venues du sud, qui se rejoignent et se condensent, devenant des précipitations. L'une des deux masses d’air aurait été bloquée au-dessus de la région par les montagnes, ne permettant pas aux précipitations de se déplacer. 

Image créée par IA

 Selon Paulo Canedo (professeur de ressources hydriques de la COPPE/UFRJ), il faut également prendre en compte le facteur de la déforestation due à l’étalement urbain et au développement des activités agricoles et d’élevage. Pas d’arbres signifie que le sol est plus fragile et est sujet à des glissements de terrain plus facilement. L’imperméabilisation des sols, qui empêche l’infiltration de l’eau dans le sol aurait aussi sa part de responsabilité dans cette catastrophe. Enfin, un facteur non négligeable, souligné par Fernando Meirelles (professeur de ressources hydriques à la UFRGS), a été la rupture des grands barrages hydroélectriques de la région. Cela a entraîné une augmentation considérable du volume et de la rapidité du flux d’eau, créant des grandes vagues et accentuant les glissements de terrain.Beaucoup de gens ont perdu leur logement et se retrouvent sans eau, sans gaz, sans électricité. Des barrages importants comme le “14 de julho” et le “PCH Salto Forqueta” ont été détruits, et des activités économiques telles que l’agriculture et l’élevage ont été très touchées. 

Beaucoup d’habitants manquent donc de produits basiques, comme d'eau potable, d’aliments, de vêtements et de produits d’hygiène. De plus, ces conditions et l’avènement de l’hiver (températures minimales moyennes de 13,3°C) peuvent favoriser des maladies respiratoires. Faute de système de récolte de déchets efficace pour le moment, des montagnes de déchets s’accumulent, principalement constituées d’objets ou de meubles qui ont été abîmés dans l’inondation. Cela augmente encore le risque de contamination par des maladies, et peut venir à dégrader la santé déjà fragile de certains. Pour résoudre ces problèmes, des ONG comme Ação Cidadania, LBV, Movimento União BR, se mobilisent pour récolter des donations ou de l’argent afin d’envoyer des produits essentiels, comme des aliments prêts à la consommation, de l’eau minérale, des couvertures, des matelas et des produits d’hygiène et de nettoyage. Ação Cidadania, par exemple, compte même sur l’appui des Forces Aériennes du Brésil pour desservir les régions les plus difficiles d’accès. 

Les familles qui ont perdu leur logement sont abritées dans des abris prévus, principalement des écoles, des églises, des stades, des lieux pouvant abriter beaucoup de personnes. Au total, à Porto Alegre, la capitale, on a enregistré un nombre de 195 abris lors du pic des pluies. Le gouvernement fédéral a également annoncé le transfert de 5,1 mille reais d’indemnisation aux familles sans-abri. 
Pour finir, prenons une phrase de Pedro Luiz Corte, qui parle de la reconstruction de Porto Alegre, mais qui peut s’appliquer aux autres villes et même au Rio Grande do Sul comme un tout: “la reconstruction ne doit pas être pensée comme un retour à ce qu’il y avait déjà auparavant, mais comme une possibilité d’amélioration”. 



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