Hal Wildson, un artiste entre mémoire et oubli

Hal Wildson, un artiste entre mémoire et oubli

Vahina Alliat Dupâquier, 3e1

La semaine du 6 au 15 août 2025 a été mouvementée au Lycée Molière : elle a été le cadre de la visite de l’artiste Hal Wildson, invité à une résidence d’artiste pour le Projet Empreintes mené par l’école. Cette visite a conduit à la réalisation d’une œuvre bien particulière, que certains d’entre vous ont déjà observée au CCC et qui a été le fruit du travail de plus de 500 élèves, allant du CM1 à la Terminale. Je vous propose donc d’embarquer dans une petite visite guidée de cet artiste et puis de l'œuvre réalisée. 

Photo de Sofia Salles Lhoumeau (4e1)


Commençons donc par Hal Wildson. Qui est-il, et plus important encore, comment est sa vie d’artiste? Il est né en 1991 dans le vale do Araguaia (Minas Gerais), dans une famille d’origine modeste. Enfant, il n’avait pas vraiment accès à des supports pour créer et, selon lui, c’est à ce moment-là qu’est née son habitude de faire de l’art sur des supports non-conventionnels. Il trouve là sa propre manière de créer. Il contourne les règles; c’est d’ailleurs ce qui fait toute la particularité de ses œuvres.


Son enfance, qui selon son site internet a été “moulée par la violence et l’abandon” a été un véritable terrain fertile pour l’apparition de ses valeurs et de son art, qui s’entremêlent étroitement. A travers son travail, Hal Wildson cherche à représenter l’oubli, et plus particulièrement ceux qui ont été oubliés. En 2020, il déclare : “ La loi de l’oubli a forgé le pays que nous connaissons. Toute mémoire est un champ de bataille et un chantier de construction… Sous sa force se détruit le monde que nous avons inventé ou se construit le monde que nous voulons.” Ainsi, l’effacement est un point fort de son travail et c’est le fil conducteur de sa série d'œuvres “Singularidades”, soit “singularités”, que suit l'œuvre réalisée au Lycée Molière, dont nous parlerons un peu plus loin. 


En plus de cette série, Hal Wildson en a créé sept autres pour le moment: “Utopia Original”, “Re-Utopya”, “Monumentos à Independência”, “Reflorestar o Imaginário”, “Documentos de Identidade”, “Afluentes” et “República da Desigualdade”. Dans chacune de ces séries, Hal Wildson travaille sur des supports uniques, effectuant un important travail de recherche historique et de documentation et en alliant création plastique et photographie. Il dénonce à chaque fois une réalité différente, mais toutes sont liées à la construction d’un portrait du Brésil actuel; comme il dit, construit sur l’oubli et la mémoire, l’écriture et la réécriture de l’Histoire avec un grand H. 


Dans la série “Documentos de Identidade”, il explore les cartes d’identité, qu’il revisite en modifiant quelques éléments. Il réalise la carte d’identité hypothétique de la République Fédérative du Brésil, dont la naturalité se trouve être “escravocrata” (esclavagiste en français), et la filiation “autoritarisme colonial” et “conservatisme chrétien”. 


Il s’approprie des processus de documentation utilisés dans les dernières décennies, comme la machine à écrire qu’il utilise pour réaliser des dessins entièrement dactylographiés, mélangeant l’encre rouge et noire. Cette technique est utilisée dans sa série “Utopia Original”, dont fait partie l'œuvre “Marcha do Futuro”. On y voit des jeunes dactylographiés en rouge portant un drapeau sur lequel est écrit le mot “futuro”, soit “futur” en français. 



Hal Wildson en résidence au Lycée Molière 
(Photo de Sofia Salles Lhoumeau - 4e1)


Au Lycée Molière, Hal Wildson a été invité pour réaliser une série d’interventions liées au Projet Empreintes. Son bref séjour s’est terminé par la réalisation d’une œuvre qui suit la logique de sa série “Singularidades”, avec la participation de plus de 500 élèves, du CM1 à la Terminale. Le projet, nommé “Singularidades : Memória e Esquecimento” (Singularités : Mémoire et Oubli en français), est exposé au CCC. Il s’agit d’une œuvre bien particulière. On y voit des profils dont les traits se lient à des empreintes digitales, le tout sur… des gommes. On y retrouve le contexte du Projet Empreintes et bien sûr les particularités des œuvres de Hal Wildson, qui cherche toujours à rendre leurs identités à ceux que l’Histoire a oubliés - ceux que l’histoire a effacé.  


La technique utilisée consiste en l’application d’une colle de transfert d’encre sur une gomme et la pression d’une photographie sur la gomme. Ensuite, on décolle le papier en frottant doucement avec un peu d’eau et le tour est joué! C’est par ce procédé pas très conventionnel que Hal Wildson a été capable de réaliser ses séries “Singularidades” et “Anistia da Memória”.


Comme dans tous ses projets, Hal Wildson a créé l'œuvre exposée au Lycée Molière pour que l’on n’oublie pas. Le Brésil, qui a vécu à la fois la colonisation portugaise et une dictature militaire entre 1964 et 1985, est un pays qui, comme il l’a dit, est fondé sur l’oubli. Sur l’effacement de toutes ces personnes qui ont bâti ce pays, qui font son histoire et sa culture : ceux qu’il ne faut surtout pas oublier, et plus encore; ceux qu’il faut célébrer.


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