La biodiversité des plateformes pétrolières

La biodiversité des plateformes pétrolières

Liselotte Roesch, 3e1

Loin, très loin, à des centaines de kilomètres des côtes, sont ancrées des structures géantes: les plateformes pétrolières. Des centaines d’hommes s’y affairent, courant d’un endroit à l’autre. Pendant ce temps, sous toute l’agitation, se cachent des trésors marins qui dressent un paysage rare et paisible. Les activités qui se déroulent là-haut sont généralement associées à la destruction de la biodiversité et à juste titre. Mais, contre toute attente, les fondements de ces édifices regorgent d’écosystèmes plus riches les uns que les autres.  


Nous connaissons tous les effets néfastes des activités liées au pétrole. Il y a évidemment les produits qui en résultent : ceux issus de la combustion (essence, kérosène…) et des produits pétrochimiques (plastiques, cosmétiques…). Ils produisent des gaz à effet de serre ou polluent. Il y a aussi la construction des plateformes durant laquelle des fonds marins peuvent être abîmés ou détruits. 


On les retrouve également dans les transports qui sont une vraie catastrophe naturelle. Les acheminements par bateaux produisent des effets considérables, d’abord simplement à cause des trajets, mais aussi lorsqu’ils s’échouent, une quantité énorme de pétrole se déverse dans l’océan. Ils asphyxient alors des animaux marins, privent des écosystèmes de lumière, retiennent prisonniers des oiseaux. Le pétrole des marées noires peut se déposer sur des fonds sablonneux et être facile à récupérer, mais peut aussi rester sur les coraux pendant des décennies voire des siècles, sa décomposition étant très lente. 


Dessin de Beatrice Fischer Ricordeau (3e1)


On peut prendre comme exemple le drame de Deepwater horizon. Le 20 avril 2010,  une explosion sur la plateforme pétrolière Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique a tué 11 personnes et en a blessé 17. L'explosion a été causée par une poche de gaz qui a remonté le puits entrainant un incendie. La plateforme a coulé deux jours plus tard, provoquant la plus grande marée noire de l'histoire avec près de 5 millions de barils de pétrole déversés dans le golfe du Mexique. L’incident tragique reste toujours gravé dans les mémoires. 

Pour comprendre le fait que des écosystèmes se créent sur les bases de plateformes pétrolières, il faut se pencher sur le sujet des récifs artificiels. Un récif artificiel est une structure immergée dans le but de créer, protéger ou restaurer un écosystème marin. Il vise à reproduire les caractéristiques d’habitats des zones rocheuses naturelles et attirer en les protégeant des poissons qui vont pouvoir se reproduire. Les récifs artificiels jouent ainsi un rôle de refuge. Les piliers des plateformes pétrolières sont donc des récifs artificiels idéaux. Ils sont construits en béton qui résiste aux conditions parfois extrêmes de l’océan et sont donc moins polluants. 

Si on observe une région très prisée par les pétroliers comme le golfe du Mexique, on peut voir que ces écosystèmes alternatifs peuvent être utiles. La plupart des sols sont sablonneux, donc inhospitaliers au développement de la vie marine car les coraux qui en sont la base ne peuvent pas s’accrocher. Les fondations des structures sont ainsi de véritables abris.

  Sous les plateformes pétrolières, on retrouve des écosystèmes luxuriants: des nuées de poissons, des tortues marines, des récifs coralliens… Il arrive aussi parfois que certains animaux, autrefois chassés de leur territoire par l’expansion de l’exploitation des fonds marins, reviennent dans leur milieu naturel comme les requins baleine. Mammifères, poissons, oiseaux, crustacés ou autres invertébrés se rencontrent en ces cadres d’une beauté rare. 


Dessin de Beatriz Teles Da Silva (5e1)


Les plateformes pétrolières abritent donc des récifs artificiels, et deviennent ainsi une solution accommodante voire avantageuse pour les grandes usines pétrolières. Elles sont simples à trouver car très nombreuses : on estime qu’il y a plus de 15 000 plateformes pétrolières dans le monde. Avant, les entreprises avaient l’obligation de retirer de la mer les structures vieillissantes. Le problème, c’est que cette extraction de centaines de tonnes de métal est un projet titanesque qui nécessite la présence de centaines d’hommes et le coût exorbitant d’à peu près 2 millions d’euros. 

 Par souci de l'environnement ou peut être par commodité, les États Unis, qui abritent de nombreuses plateformes pétrolières sur leurs côtes, lancent en 1979 le projet rig-to-reef. Il autorise ou peut être même encourage les compagnies pétrolières à démonter seulement la partie visible et laisser les piliers des plateformes en place pour les récifs artificiels. 

  Les avis sur cette politique sont très variés. Tandis que certains écologistes considèrent cela comme une opportunité, d’autres, comme Scott Eustis membre de « Gulf Restoration Network », pensent que c’est une manière peu onéreuse de se dédouaner des responsabilités engendrées par ces activités, incitant même à l'extraction du pétrole. Et finalement tout le monde y trouverait son compte. Voici ces mots : « C’est juste une façon de donner une image écologique à cette industrie. L’état encourage les pétroliers à laisser les plateformes en mer et ça transforme les fonds marins en véritables dépotoirs. » 


Ce dont on est certain, c’est que les plateformes pétrolières sont un asile pour des centaines d’espèces. Réelle solution ou compromis, ce sont des récifs artificiels à la biodiversité abondante. Le contraste entre les activités pétrolières et ces havres de paix ne laisse pas indifférent.    


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