Les peuples qui préservent leurs terres

Les peuples qui préservent leurs terres

Liselotte Roesch, 3e1

Depuis des dizaines de milliers d’années, les peuples autochtones protègent leurs terres, leurs forêts… Entre eux et la nature se sont créés une harmonie, un équilibre. Mais ils ont, pour la plupart, été mis à l’épreuve, parfois même brisés par les colons qui se souciaient peu des conséquences de leurs actes. 

Mais quand on réfléchit bien, cette mentalité a-t-elle changé? Faisons- nous vraiment attention à notre empreinte carbone, à notre consommation de plastique, à la localité des produits consommés? Quoi qu’il en soit, la face du monde change vite, bien trop vite. Et les peuples natifs œuvrent pour préserver cette harmonie avec la nature envers et contre tout. 

De la Cordillère des Andes à l’Australie en passant par l’Afrique de l’est, ils luttent pour sauvegarder les écosystèmes. 


Les aborigènes d’Australie

Les Aborigènes sont un peuple autochtone d’Australie. Ils sont d’ailleurs les premiers habitants connus du continent, leur présence datant de plusieurs dizaines de milliers d’années. Mais l’arrivée des migrants européens en 1788 a bouleversé leur vie, comme pour de nombreux autres peuples par ailleurs. Ils ont ainsi été persécutés par les Européens: des enfants arrachés du sein de leur mère pour être “éduqués”, humains appelés “sauvages”, réduits à l’esclavage. Les colons européens ont cherché à réduire à néant les natifs et leur culture. Ils ont commis un génocide à l'encontre des Aborigènes australiens, selon les conclusions d'une enquête menée par une commission dans l'État du Victoria (sud-est de l’Australie). Mais au fil du temps et des combats (comme la marche emblématique de Cummeragunja en 1939¹), leurs  conditions de vie se sont améliorées. 

Dessin d'Adélaïde Caurette (2e3)

Aujourd’hui, les Aborigènes d'Australie n'ont pas leur indépendance dans le sens où ils n'ont pas obtenu des États autonomes, mais leur culture et leur identité ont été reconnues depuis 1967.

En Australie, les feux de forêt ou de prairies sont courants. Mais le réchauffement climatique les rend toujours plus fréquents et intenses. Ils amenuisent les espaces de vie des aborigènes et des nombreuses espèces. Pour lutter contre ces feux dévastateurs, les peuples aborigènes utilisent une méthode qui peut étonner au premier abord : le brûlis de forêt. 

Cette technique ancestrale se pratique généralement dans le nord de l’Australie, mais aussi au Canada, en Guyane ou encore en Thaïlande. Les aborigènes délimitent des portions de forêts en brûlant des bandes de terre pour stopper les flammes. Ils brûlent des combustibles au sol (feuilles, branches…), afin que ces zones ne puissent plus être consumées. 

Cela se déroule lors de longues marches organisées par ces familles natives, qui invitent parfois des écologistes ou photographes comme Matthew Abbott. Il a reçu le prix de « photographe de l’année » en 2022 grâce au reportage qu’il a réalisé sur ces peuples.

Les feux culturels autochtones couvrent 5 à 10 % de la superficie brûlée chaque année dans le nord du pays et les zones où ils se sont réinstallés ont vu une réduction de 40 à 50 % des grands incendies incontrôlés.


 Les Quechuas de la Cordillère des Andes  

Si un jour vous vous promenez dans les hauts plateaux des Andes boliviennes, péruviennes ou équatoriales, vous apercevrez peut-être une longue file de couleurs. Vous vous rendrez alors compte que ce sont des femmes, qui se penchent au sol et vous demanderez alors peut-être ce que cela signifie. Et c’est là que, pour éclairer la situation, entre en scène notre cher ami le téléphone. Il vous expliquera que ce sont des femmes Quechua occupées à replanter la forêt primaire.

  Les Quechuas sont un peuple réparti le long de la Cordillère des Andes, et qui vit donc principalement au Pérou, en Bolivie, à l’Equateur et dans le nord de l’Argentine. Descendants des Incas, ils forment le plus étendu et plus nombreux peuple autochtone d’Amérique du Sud et sont aujourd’hui estimés à 9 millions. Ils possèdent une culture riche et des techniques ancestrales, dans de nombreuses matières. 

Des vêtements aux couleurs chatoyantes et recherchées, un artisanat délicat, l’agriculture ou encore l’élevage, leur savoir-faire est reconnu dans le monde entier. Ils témoignent un grand respect à la vie, la fertilité, et l'abondance naturelle nommée Pachamama. 

Dessin de Penelope Soutif Corte (3e1)

Ce peuple autochtone entretient la forêt la plus haute du monde: celle de Polylepis, située dans les hauts plateaux des Andes qui culmine jusqu’à 5 000 mètres de hauteur. Malheureusement, ces écosystèmes sont menacés : arbres coupés pour le chauffage ou les constructions, forêts primaires surexploitées pour l’agriculture et les pâturages... Les peuples Quechuas, plus particulièrement les femmes, enrayent l'érosion des sols entraînée par la baisse de la ressource en eau, elle-même provoquée par la destruction et la surexploitation des territoires.

  Elles organisent de longs cheminements similaires à des battues, qui se font en plusieurs étapes. Premièrement, le choix des arbres est nécessaire. Il faut des espèces locales et adaptées aux sols, comme le polylepis, arbre résistant à des conditions extrêmes. Ensuite, elles ameublissent la terre avec des outils agraires tels que la houe ( sorte de pioche) ou le bâton à planter, puis plantent les graines ou pousses d’arbres dans un petit trou. Elles le protègent alors des animaux avec de petites pierres. Elles viennent régulièrement désherber, arroser les plantes et vérifier qu’elles grandissent bien. Les femmes, parfois accompagnées de lamas, effectuent ces marches en arborant fièrement leurs costumes traditionnels aux couleurs éblouissantes, en portant sur le dos un enfant ou un sac de jeunes pousses de Polylepis.

Environ 1,3 million de Polylepis ont déjà été plantés (plus de 3 millions d’arbres natifs au total) par des milliers d'autochtones.

 

Les Massaï du Kenya et Tanzanie  

Le soleil disparaît à travers les herbes hautes du désert. Ses derniers rayons aux couleurs orangées, pourpres et dorées inondent la savane et on peut voir au loin les lions, éléphants et rhinocéros. Les cris du calao à bec rouge s’estompent pour laisser place à ceux du Grand-duc de Verreaux qui initie le concert nocturne. Au milieu de ce spectacle séduisant se détachent les silhouettes élancées d’éleveurs Massaï, suivis de leurs troupeaux de retour au village. Là-bas, les femmes, ornées de bijoux de perles de verre et vêtues de tuniques moirées, préparent déjà le feu pour le dîner. Plus loin encore, les anciens du village enseignent les savoir aux futurs guerriers. Bienvenue dans la réserve naturelle du Massaï Mara. 

Les Massaï sont un peuple semi-nomade qui vit dans les plaines du Kenya du sud et de la Tanzanie du nord, entre les deux monts Kenya et Kilimandjaro. Ils ont migré des régions environnantes du Nil vers ces terres d’Afrique de l’Est au XVIe siècle seulement, à la recherche de nouvelles terres cultivables et de pâturages. 

Malheureusement, aujourd'hui, ces terres sont menacées par le réchauffement climatique qui les assèche, rendant la vie des Massaï toujours plus dure : sécheresses qui entraînent des terres incultivables, qui raréfient les pâturages. Un autre problème est le tourisme dans ces zones magnifiques. Les touristes, mal guidés, peuvent abîmer et perturber ces écosystèmes fragiles. Il y a enfin les braconniers, qui chassent illégalement des animaux en danger. Pour lutter contre ces événements aux effets néfastes, le peuple Massaï s’engage.

  Le tourisme de masse est assurément le fléau majeur de ces territoires. Il est vrai que les plaines africaines sont réputées pour leur nature sauvage et leur beauté, elles attirent donc une multitude de touristes venus du monde entier . Le problème n’est pas tellement qu’il y ait des touristes, mais que leur nombre soit exorbitant (environ 300 000 par an). Cela est nuisible pour les animaux, pour qui la présence humaine peut être dérangeante voire dangereuse, et qui voient leurs territoires piétinés. Nuisible pour la nature dans laquelle sont rejetés les déchets. Nuisible pour les populations locales qui subissent des appropriations culturelles: de faux villages massaï sont créés pour attirer, et au sein desquels les peuples sont exhibés comme des bêtes de foire. Pour défendre leurs valeurs et leur habitat naturel, les Massaïs s’engagent dans le tourisme durable. Il est caractérisé par des expériences authentiques qui respectent leur culture et leur environnement, favorisant ainsi des bénéfices économiques et sociaux directs. Ils organisent des randonnées hors des sentiers très prisés, font visiter leur villages, montrent leurs connaissances et leurs savoir-faire uniques. 

Dessin de Penelope Soutif Corte (3e1)

Les Massaï protègent également leur terres des braconniers et de leurs activités illégales. Ils y contribuent grâce à un mélange de méthodes traditionnelles et modernes, notamment la participation aux patrouilles de conservation, l’utilisation de technologies comme les GPS, et des initiatives communautaires comme les Maasaï Olympics pour remplacer la chasse aux lions par des compétitions sportives. Une grande partie de la faune dans la région est protégée dans des zones gérées par les communautés Maasai (≈ 83,7 %).

Un autre aspect de leur lutte commune est la préservation de leurs terres face au changement climatique. Toujours grâce à leurs pratiques pastorales durables, la conservation de la biodiversité, l'adaptation de leurs savoirs traditionnels et la diversification de leurs revenus, les Massaï créent un équilibre entre eux, la nature et Engaï, qui est pour eux le dieu créateur de toute chose. Leurs méthodes agricoles et pastorales, qui respectent l'équilibre de la savane et fertilisent les sols, sont reconnues pour leur efficacité et leur résilience face aux enjeux climatiques. 



Persécutées par les Européens, ces populations natives résistent. Les peuples aborigènes sont un exemple pour leur persévérance. Leur travail collectif souvent harassant peut être minutieux ou titanesque, mais ces efforts sont payants et préservent ainsi de nombreux écosystèmes. Malgré les nombreuses difficultés auxquelles ils sont tous confrontés, ils réussissent à sauver leurs terres tout en préservant leur culture profonde et unique. 


¹Grève organisée par des peuples aborigènes qui ont protesté contre les mauvais traitements qui leurs étaient infligés, bravant les règles imposées par les colons

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Bienvenu.es sur le site du Lièrmo!